Au commencement,

Premièrement,

En premier,

Premiers.

Telles sont les expressions qui servent d’ouverture à la Genèse. Bereshit, c’est le premier mot de ce premier livre de la Bible: adverbe, locution, son importance est primordiale, et conditionne la vie des religions monothéistes, religions du Livre.

J’écoutais une émission passionnante avec comme invité Marc-Alain Ouaknin, philosophe et écrivain français, rabbin, producteur de “Talmudiques” sur France Culture.

La parole a-t-elle créé à partir de rien? La parole a-t-elle toujours été là? En fonction de votre réponse à ces questions, vous vous trouverez dans un courant ou un autre.

Je n’ai pas ici la prétention de vous dire que croire, mais simplement de vous interroger. La traduction des premiers textes de la bible, notamment de la Genèse, a façonné depuis plus de 5000 ans la foi du monde judaïque, et depuis 2000 ans des chrétiens. Ce commencement est sujet à controverses, surtout de la part des non croyants, qui voudraient que Dieu ne soit pas à l’origine du monde, mais un “big bang” créateur…

Le “rhema” ce murmure de l’esprit saint, serait-il à l’origine de la création? Ou est-ce le “logos” grec?

En écoutant Marc-Alain Ouaknin, j’ai eu envie de me replonger dans toutes ces questions, tant il est intéressant de cheminer avec lui. Il vient de publier un livre intitulé “La genèse de la Genèse” aux éditions Diane de Selliers. Voici un extrait du site:

“Texte millénaire, la Genèse et plus particulièrement ses onze premiers chapitres font partie de l’imaginaire collectif, de la création du monde à la tour de Babel en passant par l’Éden d’Adam et Ève, le déluge ou encore l’arche de Noé. Pourtant, ce nouvel opus de « La Collection » des Éditions Diane de Selliers propose de redécouvrir ce texte comme pour la première fois. La modernité de la traduction de Marc-Alain Ouaknin et la modernité des œuvres sélectionnées se répondent et se nourrissent mutuellement pour raconter en contrepoint le récit de la création du monde. L’ensemble offre un souffle, une contemplation et une méditation artistique autour de ce texte mythique.”

Je tenais à vous inviter à découvrir cet auteur, à le lire et à l’écouter, sur YouTube, France Culture, et autres plateformes. Il a également publié de nombreux ouvrages et articles.

 

 

Il y a des héroïnes qui ne font pas la une des gazettes. Marie Durand était l’une d’elles. Cette femme protestante qui vécut au XVIIIe siècle, fut enfermée dans le Gard, à Aigues Mortes à la Tour de Constance durant 38 ans de sa vie. Son défaut? Etre protestante fille et épouse de prédicateur, dans un royaume catholique.

Née en 1711 elle vécut jusqu’en 1776, après avoir passé 38 années de sa vie enfermée dans la Tour de Constance. Un récit de sa vie sur ce lien. Si vous êtes en quête de figures de résistance féminines, la vie de Marie Durand devrait vous inspirer…

L’église du Vivarais tentait alors de se constituer et ses réunions étaient clandestines. Les Camisards français avaient agité les terres du Sud et le roi voulait que son royaume soit en ordre. Dans un tel contexte,  Il n’était pas rare d’exercer sa foi clandestinement, il était également interdit aux femmes de prophétiser.

 

Marie Durand, sœur du pasteur Pierre Durand, naquit en 1711, dans le hameau du Bouschet de Pranles en plein Vivarais. La famille Durand soutenait clandestinement sa foi par la lecture quotidienne de la Bible.

Pierre Durand, né en 1700, jeune prédicateur, organisa une assemblée clandestine en 1719. Cette assemblée, dénoncée par un voisin, fut surprise par les soldats du roi. C’est alors que la mère de Pierre et Marie, Claudine Gamonet, disparut.

Pierre devait avoir un rôle important dans les Églises du Vivarais pour lesquelles il essayait de mettre en applications les décisions prises au Synode du Languedoc de mai 1721. Consacré en 1726, il est pasteur clandestin itinérant en Vivarais. Poursuivi, il échappe aux recherches pendant plusieurs années.

En 1729, afin de faire pression sur la famille, l’Intendant du roi fait arrêter le père, Étienne Durand, qui est emprisonné au fort de Brescou. Puis, en 1730, Marie et son mari, Matthieu Serres sont arrêtés. Celui-ci est envoyé au Fort de Brescou tandis que Marie, âgée de 19 ans, est emprisonnée à la Tour de Constance.

Pierre est finalement arrêté en 1732 et exécuté à Montpellier le 22 avril.

Après 38 années de prison dans la Tour de Constance, Marie est libérée en 1768 ; retirée au Bouschet de Pranles, elle mourra 8 ans plus tard en 1776.

 

Intégralité d’un article sur Marie Durand (ici).

 

Le mot ” résister” gravé dans la Tour, lui a été sans doute faussement attribué, mais il résume bien l’âme de cette croyante, dont la foi a été rudement mise à l’épreuve. Le texte qui suit, retrace de façon poétique la vie de cette croyante qui n’a rien sacrifié à sa foi.

Qu’il puisse vous inspirer…

 

RESISTER

Non, ce n’est pas ta lourde grille

ni ton mur noir,

sombre tour, funeste bastille,

que j’aime à voir,

mais ces traits qui par une femme

furent sculptés,

ce mot qui recouvre un long drame :

RÉSISTER

A genoux sous ces voûtes grises

j’ai retrouvé

ces quelques lettres indécises

sur le pavé

et j’ai pleuré, noble victime

des cruautés

en épelant ton cri sublime :

RÉSISTER

Lorsqu’elle vit, la femme austère,

la mort de loin,

elle voulut que cette pierre

fut son témoin,

et pour prévenir après elle

les lâchetés,

elle écrivit sur la margelle :

RÉSISTER

En ce temps-là dans son Versailles

le roi riait,

tandis qu’ici sous ces murailles

la foi priait,

l’un écrivait dans une fête :

Persécutez !

l’autre écrivait baissant la tête :

RÉSISTER

Et c’est toi qui fut la plus forte

vaillante foi;

depuis longtemps la femme est morte,

et mort le roi,

mais tandis que sceptre et couronne

sont emportés,

dans la tour ce vieux mot rayonne :

RÉSISTER !

 

J’ai découvert Thomas Hopko en lisant un article publié aux Etats-Unis. Sans doute moins connu en langue française, voici ses “55 maximes” ou préceptes.

Protopresbytre Thomas Hopko, doyen émérite du Séminaire Saint-Vladimir de théologie orthodoxe de New York. Enseignant, conférencier et écrivain doué, Dieu lui a également donné de toucher la vie de très nombreuses personnes très directement. Il a lu les pères et mères spirituels, et il a mis en application leur enseignement, pour la vie de ces personnes, pour leur bienfait.

Pourtant personnellement, peu adepte de ce type d’article qui propose “Les 10 meilleures façons de…” ou ” 5 leçons pour une meilleure vie…” j’avoue avoir été très sensible à ces préceptes ou maximes. Ils sont réellement une invitation pour notre temps et pour le type de lecteur que nous sommes, parfois pressés, pas forcément de la même sensibilité… J’y ai trouvé une humilité certaine, tout en ayant un caractère didactique réel.

Je vous en propose la lecture et la médiation.

1. Soyez toujours avec le Christ.
2. Priez comme vous pouvez, pas comme vous voulez.
3. Ayez une règle de prière observable que vous ferez par discipline.
4. Dites la Prière du Seigneur plusieurs fois par jour.
5. Ayez une prière courte que vous répéterez constamment quand votre esprit n’est pas occupé avec d’autres choses.
6. Faites quelques prosternations quand vous priez.
7. Mangez de bonnes nourritures avec modération.
8. Gardez les règles de jeûne de l’église.
9. Passez un certain temps dans le silence chaque jour.
10. Faites des actes de miséricorde dans le secret.
11. Allez aux services liturgiques régulièrement
12. Allez à la confession et à la communion régulièrement.
13. N’engagez pas le combat avec les pensées et les sentiments importuns. Tranchez-les dès le début.
14. Révélez toutes vos pensées et vos sentiments régulièrement à une personne de confiance.
15. Lisez les Ecritures régulièrement.
16. Lisez de bons livres peu à la fois.
17. Cultivez la communion des saints.
18. Soyez une personne ordinaire.
19. Soyez poli avec chacun.
20. Maintenez la propreté et l’ordre dans votre maison.
21. Ayez un passe-temps sain, bon pour la santé.
22. Faites de l’exercice régulièrement.
23. Vivez un jour, et une partie d’un jour, à la fois.
24. Soyez totalement honnête, et avant tout avec vous-même.
25. Soyez fidèle dans les petites choses.
26. Effectuez votre travail, et puis oubliez-le.
27. Faites les choses les plus difficiles et les plus douloureuses d’abord.
28. Voyez la réalité en face.
29. Soyez reconnaissant pour toutes choses.
30. Soyez joyeux.
31. Soyez simple, discret, tranquille et petit.
32. Ne prêtez jamais attention à vous-même.
33. Écoutez quand les gens vous parlent.
34. Soyez vigilant et soyez attentif.
35. Ne pensez à des choses ni n’en parlez plus que nécessaire.
36. Quand vous parlez, parlez simplement, clairement, fermement et directement.
37. Fuyez l’imagination, l’analyse et la tentative d’expliquer les choses.
38. Fuyez les choses charnelles et sexuelles à leur apparition.
39. Ne vous plaignez pas, ne marmonnez pas, ne murmurez pas ni ne pleurnichez.
40. Ne vous comparez pas à autrui.
41. Ne cherchez pas ou ne vous attendez pas à l’éloge ou à la pitié de quiconque
42. Ne jugez pas n’importe qui pour n’importe quoi.
43. N’essayez pas de convaincre n’importe qui de n’importe quoi.
44. Ne vous défendez pas ou ne vous justifiez pas.
45. Soyez déterminé et lié par Dieu seul.
46. Acceptez la critique avec reconnaissance mais examinez-la avec un esprit critique.
47. Ne donnez des conseils à autrui que quand on vous le demande ou que vous êtes obligé de le faire.
48. Ne faites rien pour quiconque pourrait ou devrait le faire par soi-même.
49. Ayez un programme journalier d’activités, en évitant les lubies et les caprices.
50. Soyez compatissant avec vous-même et avec les autres.
51. Ne vous attendez à rien d’autre que d’être violemment tenté à votre dernier souffle.
52. Concentrez-vous exclusivement sur Dieu et la lumière, pas sur le péché et l’obscurité.
53. Supportez l’épreuve de vous-même et de vos propres défauts et péchés paisiblement, sereinement, parce que vous savez que la miséricorde de Dieu est plus grande que votre misère.
54. Quand vous tombez , levez-vous immédiatement et repartez.
55. Demandez de l’aide quand vous en avez besoin sans crainte et sans honte.

 

 

28 janvier 1754 , Horace Walpole, auteur Anglais et inventeur du roman ” gothique” inventa le mot ‘serendipity’: l’art d’allier le hasard et la sagacité…

«J’ai lu jadis un conte de fées idiot intitulé Les Trois Princes de Serendip . Quand leurs Altesses voyageaient, elles ne cessaient de découvrir, par hasard et sagacité, des choses qu’elles ne cherchaient pas, écrit Walpole. (article Le Temps)  

 

Le ‘conte de fées un peu idiot’ fait sensation en Europe et sera traduit en français, allemand, hollandais, anglais, danois…Voltaire s’en inspire pour écrire Zadig. 

En recueillant des indices, la paléontologie faire référence à “la méthode de Zadig” On remonte des sujets aux causes. La sérendipité réunit la subjectivité, l’imagination, l’intuition sans l’opposer au raisonnement

 

Vidéo, Sylvie Catellin* ici

La sérendipité c’est bien découvrir avec sagacité des choses que l’on ne recherchait pas. Mais le plus étonnant ce sont les scientifiques qui s’approprient le mot pour expliquer certaines découvertes qui n’ont rien à voir avec le prétendu ‘hasard’.

L’exemple de la découverte de la pénicilline par Fleming est le plus connu: sa culture de staphylocoques se dissout en présence d’une moisissure, la suite on la connaît, mais là où Fleming est ‘ sérendipien’, c’est qu’au lieu de la jeter, il l’a analysée pour comprendre. De fil en aiguille, sa sagacité a permis la naissance d’une des plus grandes découvertes scientifiques modernes. L’expérience ne suffit pas pour expliquer certains phénomènes. La sérendipité permet aux scientifiques mais pas seulement, d’aller plus loin pour expliquer cette intuition subite. C’est ce que j’appelais avant, la créativité des scientifiques et mathématiciens…

…pour le mathématicien Henri Poincaré, qui découvre les «fonctions fuchsiennes» en un flash de l’esprit alors qu’il prend un bus en Normandie: «Au moment où je mettais le pied sur le marchepied, l’idée me vint, sans que rien dans mes pensées antérieures parût m’y avoir préparé», écrit-il en 1908.

 

Ces différents exemples montrent bien que ces recherches (et découvertes), sont non dirigées, mais bien le fruit de plusieurs facteurs. C’est entre autre pour cela que je ne suis pas du tout adepte de l’intelligence artificielle avec laquelle il n’y a plus aucun hasard, ni aucune aventure, puisque vos choix deviennent le fruit de barbares algorithmes… Ceci est évidemment sujet à de multiples débats !

Je suis ‘sérendipienne’, ça ne se soigne pas, et c’est tant mieux ! J’ai rencontré Dieu par sagacité et intuition, et un fort désir dans mon coeur de le connaître. Après avoir beaucoup cherché, j’ai fait cette découverte qui a transformé ma vie. Pour moi, ça n’a rien à voir avec le hasard…  Je me suis servie de ce trait de caractère dans de nombreux projets et décisions importantes de ma vie.

 

* Sylvie Catellin, «Sérendipité. Du conte au concept», Seuil, 272 p

 

 

When we chose to make tax collector Matthew one of The Chosen’s main characters, two incredibly important decisions were made: one, to portray Matthew as having Asperger’s Syndrome; and two, to cast Paras Patel to play him. The results have humanized Matthew and drawn audiences to him beyond our expectations.

Quand nous avons décidé de faire de Mathieu, le collecteur d’impôts, un des personnages principaux, deux décisions incroyablement importantes ont été prises: une, est que Mathieu soit porteur du syndrome Asperger, et l’autre a été d’engager Paras Patel pour l’interpréter.

Le résultat a été de rendre Mathieu plus humain, et d’attirer l’attention sur lui au delà de nos attentes…

L’interprétation de ce personnage est vraiment une performance d’acteur. Rarement en effet, un personnage d’une telle envergure historique avait été interprété de la sorte… Pourtant, il gagne en humanité et tout en respectant le réalité biblique et historique, Mathieu prend une toute nouvelle lumière.

Avez-vous déjà vu cette série sur la vie de Jésus et des personnages qui l’entourent? Non? Il faut ABSOLUMENT les voir ! Les 8 épisodes sont à retrouver gratuitement sur l’application ‘The Chosen’, qui composent cette première saison de la série: à voir … à dévorer!

The Chosen is the first-ever multi-season series based on the true stories of the gospels of Jesus Christ.

The Chosen est la première série se déroulant sur plusieurs saisons, basée sur la vraie histoire de Jésus, telle que racontée dans les évangiles.

Dallas Jenkins auteur et réalisateur de la série est un personnage charismatique, très déterminé, et rempli de foi. Il a financé son film grâce au crowdfunding (financement participatif en ligne), et s’apprête à faire de même pour la saison 2, 4 épisodes de cette nouvelle saison sont déjà financés.

La page FB Watch dédiée à cette série ici.

Watch NOW at http://www.thechosen.tv, episode 1.

Regardez maintenant, http://www.thechosen.tv épisode 1.

Personnellement j’ai dévoré les 8 épisodes de la première série sur You Tube en anglais, le doublage en français a pris du retard à cause du confinement, mais toues les épisodes sont déjà sous titrés en français ! L’équipe de prod est très active sur les réseaux sociaux et le doublage est pour bientôt… leur but est vraiment que ce film soit accessible au plus grand nombre.

Episode 1 

Episode 2 

Episode 3 

Episode 4 

Episode 5 

Episode 6 

Episode 7

Episode 8 

La série a aussi son application (The Chosen) dans laquelle vous restez informés et sans cesse abreuvés de news sympas sur la suite… à l’américaine: hats off !

*se consacrer à la vérité

Le ‘confinement’a permis que je me promène dans ma bibliothèque, enfin celle qui a survécu à de nombreux déménagements, la France puis l’Amérique Latine, quelques années sous les tropiques et de nombreux cartons plus tard… ceux qui sont restés ont des pages jaunies…

Pendant cette période de confinement, mes rêveries de promeneur solitaire se sont passées, comme pour beaucoup d’entre nous, entre le rez de chaussée et le premier étage. Au delà de cet enfermement temporaire, je me suis questionnée sur le processus créatif chez les écrivains, et leur rapport au “confinement”. La phase d’écriture à proprement parler, est sans doute celle d’un voyage très intérieur, où l’auteur dialogue avec lui même, entre conscience et abandon de soi. Qui va remporter?

Pourtant, il n’y a rien de plus maitrisé que l’écriture, quand chaque mot est pensé avant d’être couché sur le papier, ou sur l’écran. J’ai retrouvé deux livres qui ont retenus mon attention pour cet article. Les confessions, celles d’Augustin (pdf), devenu saint, et celles de Rousseau (pdf), lecteur du premier dès son adolescence… L’un est un des pères de l’église et penseur de la chrétienté du Moyen Âge, et l’autre un des pères de la pensée dite moderne, pourtant ils utilisent les mêmes sentiers de marche (mais la comparaison s’arrête là), pour nous amener leurs “confessions”.

…le terme confessio a le triple sens de « louange ou sacrifice de louange », « profession de foi » et « aveu »7 C’est effectivement ce triple sémantisme qui justifie le pluriel confessiones et que nous pouvons appliquer au mode de confession à l’œuvre dans l’ouvrage du même titre, dans la mesure où l’évêque d’Hippone y avoue ses fautes passées puis confesse sa foi, tandis que l’action de grâces traverse toute l’œuvre… Référence ici. 

Bien que passionnée de pédagogie et d’éducation, je n’affectionnais pas franchement l’auteur de l’Emile, sans doute par manque de connaissance de l’homme derrière le personnage à la renommée sulfureuse, même quelques siècles plus tard. Pourtant à en croire sa devise, Rousseau a du être un ami de la vérité: il adopta en effet en 1754 celle-ci: ” *se consacrer à la vérité”. Ces auteurs ont tous deux écrits des Confessions, et ont tous deux cherché à réellement décrire leur relation avec Dieu dans les pages de leur ouvrage. Leur conversion a été à l’origine d’une amitié brisée, avec Diderot pour Rousseau, et au contraire renforcée entre Saint Augustin et Victorinus, ami qu’il gardera tout au long de sa vie.

Le dialogue avec un ami est tellement clé dans un processus créatif, l’autre étant souvent un miroir, une confrontation, un faire valoir parfois, un mentor, souvent.

Le temps que nous traversons actuellement, nous impose ce face à face avec nous mêmes. Les longues promenades dans notre maisonnée, les aller retour entre une pièce et une autre, ont permis à un moment donné cet entretien avec notre moi profond… Les croyants ont ce qu’ils appellent “un lieu secret” dans lequel ils s’entretiennent avec Dieu. Les Confessions sont issues de ce dialogue, car au fond, nos consciences cherchent un absolu auquel se référer, la vérité.

Je n’ai pour ma part,  pas encore achevé cette promenade…

 

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Jules Renard , Journal,  18 février 1802

En lisant cette citation de Jules Renard, je me demandais ce qu’il pouvait bien cultiver en février 1802? Et puis soudain je me suis souvenue des graines de pensées que ma grand mère plantait dans son Mas en Provence, et qui sont ressorties de terre quelques 40 ans après qu’elles aient été vues pour la dernière fois!  A la grande surprise de tous…

Entre temps, l’hiver glacial de 1954 était passé par là, alors peut être les graines avaient été conservées sous terre? Cela reste un mystère ! J’ai immédiatement cherché la photo des dites pensées prises à l’époque. L’étonnement de mes parents en les voyant sortir de terre, alors que personne ne les avait plantées avait rendu ce souvenir mémorable dans mon coeur.

La nature est obstinée, au delà de l’entendement. Hasard des caprices du vent diront les sceptiques… j’y vois un clin d’oeil digne du plus grand des jardiniers !

Aujourd’hui j’ai planté quelques graines pour créer un potager familial. J’ai fait cela avec beaucoup de foi, persuadée que je vais voir un jour (sous peu), les petites pousses germer: thym, persil, fuit de la passion, christofine ( appelé chouchou dans l’Océan Indien), papaye. Affaire à suivre !

Le jardinage est réellement une activité qui fait oublier le temps, plus de montre, on est mué par une rêverie en pleine activité, et inévitablement on s’interroge … Quel est l’état de la terre où je plante? Quelles graines vont pousser? La bible est remplie d’images en relation avec la culture de la terre, écho de l’état de notre coeur alors qu’il est ‘ensemensé’ par la Parole. D’ailleurs la bible commence dans le jardin d’Eden, qui veut dire délice en hébreu, et la vie de Jésus s’interrompt brusquement avant la passion dans un autre jardin, Gethsémané qui veut dire ‘pressoir à huile’. Le jardin est situé en dessous du jardin des oliviers, donc un pressoir s’y trouvait forcément.

La vie de Jésus allait être écrasée, pressée comme une olive dans le pressoir en pierre, pour donner l’huile la plus précieuse, lui l’olivier, sur lequel nous avons été ‘hantés’. J’ai visité ce jardin à Jérusalem avec beaucoup d’émotions, en voyant les troncs d’oliviers torturés et noueux comme s’ils témoignaient encore de cette nuit de calvaire …

 

 

 

 

 

 

 

Kobayashi Issa (1763-1828) est l’auteur de cet Haïku, ou petit poëme classique japonais de 17 syllabes réparties en 3 vers.

Avez-vous déjà promené sous les grappes de cerisiers en fleurs.

Pour les japonais, la contemplation des fleurs de cerisiers en famille ou entre amis se situe entre fin mars et début avril. C’était d’abord un acte philosophique, avant de devenir le symbole de l’empereur japonais.  Elle a aidé l’archipel à se distinguer de la Chine qui avait choisi à l’époque la fleur de prunier. Entre 794 et 1185, à l’époque Heian, cette fleur devient le symbole du pouvoir en place.

Elle symbolise également le pouvoir et l’occupation japonaise dans les lieux de conquêtes… où beaucoup de cerisiers ont été plantés.

Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean chevalier et Alain Gheerbrant, “La cerise est le symbole de la vocation guerrière du Samouraï japonais et du destin auquel il doit se préparer : rompre la pulpe rouge de la cerise pour atteindre le dur noyau ou, en d’autres termes, faire le sacrifice du sang et de la chair, pour arriver à la pierre angulaire de la personne humaine. (Les Samouraïs) avaient pris pour emblème la fleur de cerisier tournée vers le soleil levant, symbole de la dévotion de leurs vies. La garde des sabres était ornée de cerises, un autre symbole de la recherche de l’Invisible par la voie intérieure ... (site)

Cet “hanami” ou méditation philosophique, a nourri l’inconscient collectif de tout un peuple.

Depuis toujours, la contemplation des sakura, ou cerisiers au Japon, personnifie la beauté éphémère, mais bien au delà, cette activité familiale ou entre amis, a une réelle dimension philosophique. La durée si courte de cette floraison de deux semaines, emmène les admirateurs à se poser des questions sur leur propre vie, sur ce qui est essentiel. Ephémère et fragile, la beauté de la vie est en train de fleurir en grappes roses et délicates… Elle emmène indubitablement l’admirateur ébahi à se demander, que suis-je en train de faire de ma vie ?

La fleur de cerisier annonce le printemps,  saison symbole de renouveau, de renaissance. Une nouvelle saison dans notre existence, cette fleur pousse donc à l’introspection.

Un peu comme la période actuelle, où nous sommes encore dans le confinement au moment où cet article est pensé. Une nouvelle saison se prépare, et dans le lieu secret se fait ressentir cette urgence de calme et de réflexion : que suis-je en train de faire de ma vie, ce cadeau précieux et si éphémère ? Que vais-je faire dans cette nouvelle saison qui s’annonce ?

Assurément les recettes d’hier ne sont plus d’actualité, on ne sera jamais pareil après, disent certains. D’autres pensent à faire une fête à tout casser, tandis que les plus philosophiques s’interrogent, et si, rien n’était pareil après ? Comme si cette épidémie était une année charnière, un temps zéro à partir duquel on recomptera la vie différemment, en y cherchant un peu plus d’humanité.

 

 

 

 

 

Globwriter, just words with extra power…

Née et élevée en France où j’ai vécu jusqu’à l’âge de 28 ans, je suis maman de deux filles. Ma vie a été bouleversée par la rencontre avec Dieu. J’ai eu la joie de vivre en Amérique Latine et désormais dans l’Océan Indien.

Après des études d’histoire religieuse, et à Sces Po Paris, ma carrière a débuté au Sénat français. Ayant déménagé dans l’Océan Indien, j’y ai démarré une ONG dédiée à l’éducation des enfants issus de milieux vulnérables, ti rayons soleil en 2007.

Lutte contre la pauvreté, création d’écoles maternelles, développement communautaire, et entreprenariat social ont été mes terrains d’investissement ces 15 dernières années. Initier une éducation responsable et durable pour les plus vulnérables est une de mes grandes passions. Le bien être des enfants, des femmes et des familles, est au cœur de mon implication sociale.

Désormais directrice d’une Fondation qui œuvre en Inde, à Madagascar et à l’île Maurice, je suis impliquée dans toutes sortes de projets éducatifs et sociaux dans ces 3 zones géographiques.

A travers Globwriter, j’aimerais vous partager mes voyages et réflexions.