Kobayashi Issa (1763-1828) est l’auteur de cet Haïku, ou petit poëme classique japonais de 17 syllabes réparties en 3 vers.
Avez-vous déjà promené sous les grappes de cerisiers en fleurs.
Pour les japonais, la contemplation des fleurs de cerisiers en famille ou entre amis se situe entre fin mars et début avril. C’était d’abord un acte philosophique, avant de devenir le symbole de l’empereur japonais. Elle a aidé l’archipel à se distinguer de la Chine qui avait choisi à l’époque la fleur de prunier. Entre 794 et 1185, à l’époque Heian, cette fleur devient le symbole du pouvoir en place.
Elle symbolise également le pouvoir et l’occupation japonaise dans les lieux de conquêtes… où beaucoup de cerisiers ont été plantés.
Selon le Dictionnaire des symboles (1ère édition, 1969 ; édition revue et corrigée Robert Laffont, 1982) de Jean chevalier et Alain Gheerbrant, “La cerise est le symbole de la vocation guerrière du Samouraï japonais et du destin auquel il doit se préparer : rompre la pulpe rouge de la cerise pour atteindre le dur noyau ou, en d’autres termes, faire le sacrifice du sang et de la chair, pour arriver à la pierre angulaire de la personne humaine. (Les Samouraïs) avaient pris pour emblème la fleur de cerisier tournée vers le soleil levant, symbole de la dévotion de leurs vies. La garde des sabres était ornée de cerises, un autre symbole de la recherche de l’Invisible par la voie intérieure“ ... (site)
Cet “hanami” ou méditation philosophique, a nourri l’inconscient collectif de tout un peuple.
Depuis toujours, la contemplation des sakura, ou cerisiers au Japon, personnifie la beauté éphémère, mais bien au delà, cette activité familiale ou entre amis, a une réelle dimension philosophique. La durée si courte de cette floraison de deux semaines, emmène les admirateurs à se poser des questions sur leur propre vie, sur ce qui est essentiel. Ephémère et fragile, la beauté de la vie est en train de fleurir en grappes roses et délicates… Elle emmène indubitablement l’admirateur ébahi à se demander, que suis-je en train de faire de ma vie ?
La fleur de cerisier annonce le printemps, saison symbole de renouveau, de renaissance. Une nouvelle saison dans notre existence, cette fleur pousse donc à l’introspection.
Un peu comme la période actuelle, où nous sommes encore dans le confinement au moment où cet article est pensé. Une nouvelle saison se prépare, et dans le lieu secret se fait ressentir cette urgence de calme et de réflexion : que suis-je en train de faire de ma vie, ce cadeau précieux et si éphémère ? Que vais-je faire dans cette nouvelle saison qui s’annonce ?
Assurément les recettes d’hier ne sont plus d’actualité, on ne sera jamais pareil après, disent certains. D’autres pensent à faire une fête à tout casser, tandis que les plus philosophiques s’interrogent, et si, rien n’était pareil après ? Comme si cette épidémie était une année charnière, un temps zéro à partir duquel on recomptera la vie différemment, en y cherchant un peu plus d’humanité.
Merci pour ce texte à la fois beau et riche d’enseignement.
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